Pitance

 »-. Ils vivaient là depuis un temps si reculé que le plus ancien des anciens n’avait pas souvenir d’avoir vécu ailleurs. Car s’il avait très souvent quitté la petite clairière où il était né pour aller traquer, de plus en plus loin, des proies de plus en plus craintives, s’il avait marché pendant des jours jusqu’au grand fleuve dont les abords regorgeaient de gros silex bruts, aussi indispensables et précieux que le 🔥, il était toujours revenu. Revenu là où ses propres ancêtres s’étaient arrêtés un jour, las d’une errance épuisante.

Projet Nos amies les Bêtes, C comme cochon

Ses ancêtres, dont certains -des sages, qui n’étaient pas toujours les plus âgés- s’étaient opposés à ce que tout le gibier traqué ou piégé soit aussitôt immolé et dévoré, comme le voulait la coutume. Ces hommes qui, au lieu de se remplir la panse comme le font les hyènes et les 🐺, peu soucieux du lendemain, avaient préféré limiter le formidable festin qui suit toute bonne chasse. Et avaient commencé à parquer quelques 🐷 sauvages, des 🐐, des 🐑 et des jeunes veaux de 🐮 musqués ou d’aurochs. Grâce à leur prévoyance, la tribu disposait, pendant la mauvaise saison, d’une vivante réserve de viande qui, si elle n’était pas toujours suffisante pour satisfaire l’appétit de tous, rendait quand même moins lancinants et plus rares les gémissements des enfants torturés par la faim. » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)

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