»-. Ils couraient. Ils couraient depuis des millénaires, des centaines de millénaires. Et toujours, devant eux, fuyaient les troupeaux de gazelles, d’aurochs, de mamouths. Même les petits rongeurs, 🐰, lièvres et marmottes, détalaient dès qu’ils apercevaient les hirsutes et malodorantes silhouettes. Qui, pour se nourrir, ne savaient que courir. Toujours courir derrière des proies qui, de tout temps, s’ingéniaient à leur échapper alors que la faim leur tordait le ventre. Parce que croquer une poignée de baies cueillies ça et là ou mâchouiller quelques épis de graminées sauvages glanées au hasard de la course, ça ne tient pas au corps. Ça vous laisse l’estomac en révolte et la bouche amère.

Et toute la tribu se plaint. Et les femmes et les enfants gémissent. Quant aux nourrissons, faute de lait maternel, ils meurent en moins de temps qu’il n’en faut pour attraper, dépecer et tuer une de ces rapides antilopes qui n’a de cesse d’échapper à tous ces hommes affamés qui courent derrière elle. Qui courent depuis des millénaires, des centaines de millénaires. Depuis des 🌙, et des 🌙, beaucoup plus de 🌙 que ne possèdent d’andouillers les deux bois d’un très vieux cerf, tout allait mal pour la tribu. » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)
Belle histoire et beau tableau, belles couleurs.
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