»-. Ma retraite a assez duré. J’ai dû dépasser les limites que je m’étais imposées. Qui suis-je à présent ? Je n’ose pas me regarder dans le miroir. Quel est l’état de ma peau, ma façade et mes apparences ? Trop de solitude et de silence m’ont épuisé. Je m’étais entouré de 💷 et de secret. Aujourd’hui, je cherche à me délivrer. De quoi au juste ? De la peur que j’ai emmagasinée ? De cette couche de brume qui me servait de voile et de couverture ? De cette relation de l’autre en moi, celui qui m’écrit et me donne l’étrange impression d’être encore de ce monde ? Me délivrer d’un destin, ou des témoins de la première heure !

L’idée de la mort m’est trop familière pour m’y réfugier. Alors, je vais sortir. Il est temps de naître à nouveau. En fait je ne vais pas changer mais simplement revenir à moi, juste avant que le destin qu’on m’avait fabriqué ne commence à se dérouler et ne m’emporte dans un courant. Sortir. Émerger de dessous la terre. Mon corps soulèverait les pierres lourdes de ce destin et se poserait comme une chose neuve sur le sol. Ah ! L’idée de me soustraire à cette mémoire me donne de la joie. J’avais oublié la joie ! Je vais partir sans mettre de l’ordre, sans prendre de bagages, juste de l’argent, et ce manuscrit, unique trace et témoin de ce que fut mon calvaire. Il est à moitié noirci. J’espère écrire des récits plus heureux dans l’autre moitié. J’empêcherai les bêtes funestes de s’y glisser et laisserai les pages ouvertes aux 🦋 et à certaines roses sauvages. » Tahar Ben Jelloum (L’enfant de sable)
Une belle histoire, jolie maison.
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J’aime cet écrivain et votre toile. Merci encore pour un beau partage ♥️🥰
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