». En mĂȘme temps, il se met dans l’attitude d’un joueur de đ», il fredonne de la voix un allegro de Locatelli, son bras droit imite le mouvement de l’archet, sa â gauche et ses doigts semblent se prononcer sur la longueur du manche. Il bat la mesure du pied. Il se dĂ©mĂšne de la tĂȘte, des pieds, des â, des bras, du corps, comme vous avez vu quelquefois quelque autre virtuose dans les mĂȘmes convulsions. M’offrant l’image du mĂȘme supplice, et me causant Ă peu prĂšs la mĂȘme peine. Car n’est-ce pas une chose pĂ©nible Ă voir que le tourment de celui qui s’occupe Ă me PEINDRE le plaisir ?

Tirez entre cet homme et moi un rideau qui me le cache. Au milieu de ses agitations et de ses cris, s’il se prĂ©sentait une mesure tenue, un de ces endroits harmonieux oĂč l’archet se meut sur plusieurs cordes Ă la fois, son visage prenait l’air de l’extase. Sa voix s’adoucissait, il s’Ă©coutait avec ravissement. -. Eh bien, qu’en pensez-vous ?-. Cela va. Ce me semble. Je vous demande grĂące, et pour vous, et pour moi-. Non. Non, je vous tiens, vous m’entendrez. Je ne veux point d’un suffrage qu’on m’accorde sans savoir pourquoi-. Vous allez vous fatiguer en pure perte-. Je ne me fatigue jamais…- » Denis Diderot (Jacques le Fataliste)
Beau tableau, plein de fantaisie.
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