»-. Gilbert rêvait. Il rêvait d’avoir un jour, perché sur la colline qui surplombait la ferme, un de ces étonnants moulins à vent dont s’enorgueillissaient quelques riches domaines traversés en cours de route. À leur sujet, Guillaume de Montonet qui, là encore, connaissait l’existence de ces merveilles, avait grommelé quelques imprécations. Puis, comme Gilbert s’était permis de s’extasier à nouveau à la vue d’un autre de ces gracieux et si modernes édifices ailés, le seigneur de Montonet l’avait rabroué vertement. -. Tudieu ! Tu t’imagines que nous allons vous laisser à tous le droit de moudre à votre guise, et gratis ! Et que va devenir mon propre moulin à eau ? Et qui me paiera la taxe sur la mouture si n’importe quel rustre a les mêmes droits que moi ? Que le 😈 emporte ces machines à vent et leur inventeur ! Tout ça est juste bon à nous ruiner !–

– C’est vrai-, avait acquiescé Gilbert, qui s’était bien gardé de dire le fond de sa pensée. À savoir qu’il ne voyait, lui, que des avantages à pouvoir se passer du moulin banal où chaque sac de grain était grevé de taxes ! Comme l’était d’ailleurs chaque miche de 🍞 cuite au four, banal lui-aussi, propriété du seigneur ! Alors, si grâce au vent, il pouvait au moins se passer du moulin, nul doute qu’il ne s’en priverait pas. Et tant pis si le seigneur y perdait nombre de livres par an, l’ensemble de son domaine lui en rapportait suffisamment… » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)
»
Beau moulin pour illustrer cette histoire.
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