»-. Le 23 février 1807, nous étions prêts. Six cents canons défendaient désormais l’approche du Sérail, de la Corne d’Or et du port de Constantinople. Dans la journée, le Bey se rendit à bord du navire amiral anglais pour conférer. Mais, au lieu des altermoiements et des gémissements qu’il avait fort habilement dosés ces derniers jours, il transmit un message régalien. Le Sultan ne traiterait pas sous la menace du canon, il refusait tout pourparler tant que les Anglais n’auraient pas repassé les Dardanelles.

Le lendemain, dès l’aube, le Sultan me faisait convoquer en haut de la Tour de Justice. Je retrouvais scrutant, à la lunette, l’horizon marin. Le vent du nord-est avait cédé et la flotte anglaise, poussée par un fort vent du sud-ouest, cinglait vers Constantinople. L’heure de l’épreuve décisive avait sonné. Les cours et les jardins du Sérail étaient noirs de monde. Chacun à son poste attendait l’assaut. La flotte anglaise se rapprocha. Nous distinguions déjà les écoutilles ouvertes, les canons pointés sur nous, les serveurs la mèche allumée. Alors se produisit l’inexplicable. La flotte anglaise vira soudain de bord et se dirigea vers le large. Nous crûmes d’abord à une manœuvre… Alors la clameur unique, comme sortie d’une énorme poitrine, cette clameur qui rassemblait tous les souffles, toutes les voix de Constantinople, monta vers nous. Le peuple avait compris qu’il était sauvé. » Michel de Grèce (La 🌃 du Sérail)
Belle histoire, belles couleurs sur ce tableau.
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