Les Jacques

 »-. Cognée sur l’épaule, Robert quitta sa femme et son fils au petit matin du 3 juin 1358. Dès le soir, il avait rejoint une des troupes des Jacques, armées de faux, de fourches, de haches et de fléaux qui, déjà, et depuis quelques jours avaient pillé et brûlé toutes les demeures seigneuriales de la région. Derrière eux s’accumulaient les ruines et les cadavres. Excités par cette folie que chaque meurtre attisait, n’ayant plus rien à perdre, n’épargnant rien, sauf les monastères et les églises, les Jacques, par bandes de milliers d’hommes, ravagèrent toute l’Île-de-France, du Gatinais au Beauvaisie.
Quand elle le vit, au matin du 12 juin, Catherine comprit qu’il était marqué à tout jamais, dans son regard flamboyaient toute l’horreur et la tristesse du monde, et de l’enfer. Sale, déguenillé, sanglant pressant contre sa poitrine sa ✋ droite blessée, pansée dans une loque, il resta à quelques coudées d’elle, gêné, hésitant à franchir les derniers pas qui les separaient.- Tu es revenu… Tu as tué ?-. Oui. Beaucoup, mais pour me défendre, et seulement des hommes en armes, pas de femmes ni d’enfants-. Tu as pillé ?-. Oui, il fallait bien se nourrir ! Et puis ils sont tellement riches !-. Tu as incendié ?-. Pas eu besoin, c’était déjà fait par d’autres, qui aimaient ça.- Tu as…?-. Non, je n’ai violé personne. Tu me crois, j’espère ?- » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)

30x90cm  »Vagabondage », galerie Chemins de spiritualité

2 réflexions sur “Les Jacques

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