»-. Dans ma caste, on sépare toujours la mère de son enfant. Je vous envie, vous autres, vilains et serfs, de ne pas avoir à vous les extraire une seconde fois-. D’ordinaire, la mort se charge de couper cet invisible lien. J’ai perdu tant des miens que toutes leurs petites tombes avec leurs croix de bois dressées par-dessus me semblent forêt-. Tu habites encore avec deux de tes enfants, tu dors à leur côté. Tu mourras sans doute dans le chahut de la famille, entendant les petits de ton fils piailler autour de ton lit d’agonie. Tu ne ne connaîtras jamais le silence d’un 🔥 sans enfant-.

N’envie pas trop notre misère, Esclarmonde. C’est elle qui nous force à rester serrés les uns contre les autres. Et, si je vis trop longtemps, je serai un fardeau pour ma famille, une bouche à nourrir qui n’aura même plus la force d’articuler ses contes à la veillée, de conseiller chacun, plus la force de faire sa part. Un être condamné à gêner les vivants et qui s’accroche à la vie sans qu’on comprenne pourquoi, une vieille inutile, revenue en enfance. Devenir un poids pour ceux que j’ai portés dans ma chair, dans mes bras, dans mon ❤️, serait la pire des fins. Oui, mieux vaut partir avant, mieux vaut ne pas durer si longtemps.- » Carole Martinez (Du Domaine des Murmures)
Deux destinées de femmes bien tristes ! Beau tableau.
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