»-. Elle vivait seule dans cette 🏡 composée d’une grande cuisine où trônait un cantou, cette immense cheminée dans laquelle ronronnaient la soupière et ses faitouts, et deux chambres en enfilade. La sienne, d’abord, longue et étroite, puis celle où nous dormions, mon frère et moi, blanchie à la chaux, au bas d’une marche sur laquelle je trébuchais toujours, tant elle était inattendue à cet endroit. La cuisine, noire de suie, sentait l’ail et la graisse d’oie. Elle s’ouvrait sur une cour carrée délimitée par une grange, une cave, et une remise dans laquelle Hélène entreposait ses outils.

Il n’y avait toujours pas d’eau courante, et il fallait aller la chercher à la fontaine en bas du Grand Pré, d’où il était si difficile de remonter. Hélène avait soixante-sept ans à ce moment-là, mais elle assumait toujours la corvée, habituée qu’elle était à hisser les seaux au sommet de la pente abrupte sans jamais se plaindre. Simplement, en bas, elle s’asseyait volontier pour reprendre des forces avant de repartir. Et je l’observais, assise sur le rebord du petit bassin, pensive, comptant peut-être dans sa tête le nombre de trajets qu’elle avait effectués jusqu’à cette fontaine qui avait la couleur de ses yeux. » Christian Signol (Pourquoi le ciel est bleu)
Bonjour Un très beau texte bonne journée Amitiés MTH
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Une vie rude ! Un portrait bien coloré.
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