Les vivants et les morts

 »-. Il n’y a pas d’intelligence philosophique sans intelligence de la vie-. Debout devant sa bibliothèque, le duc me désignait le rayon le moins accessible.-. Là sont les épicuriens, les auteurs licencieux, ceux qui ont écrit des pages délicieuses sur les jouissances et les beautés du monde. En-dessous, j’ai rangé les maîtres ayant brillé dans une discipline, un art, une technique. Enfin les philosophes, mystiques et cabalistiques. Les uns sans les autres, ils ne sont rien-. Cependant, chacun chemine seul vers la connaissance -. Qu’est-ce que la connaissance ?-

Le petit salon meublé à l’anglaise était tendu de damas bouton d’or frangé de pourpre. Deux hautes fenêtres donnaient sur la cour d’honneur où s’activaient fournisseurs, cochers et domestiques. Roulés en boule sur une causeuse, les petits 🐕 du duc, des cavaliers King Charles, sommeillaient. -. Un point d’arrivée marqué par cinq étapes, croire et douter, monter et descendre, lumière de l’intelligence et ombre de l’inintelligible, joie de la libération et tristesse de la prison du corps, espoir de l’ultime union et désespérance de nos humaines amours-. Mais la mort demeure incompréhensible. le philosophe peut se réjouir d’avoir appréhendé le sens de l’univers, au seul du grand passage, il éprouvera la peur du plus ignorant. -. Les vivants deviennent. Les morts sont-.  » Catherine Hermary-Vieille (L’initié)