»-. La porte du 🏰 ne s’ouvrait jamais, ni le pont-levis ne s’abaissait, avant huit heures du matin. Alors entraient les officiers du Roy, et les capitaines des gardes plaçaient les portiers ordinaires, puis disposaient des archers du guet, tant à la porte que dans la cour, comme dans une place frontière étroitement gardée. Personne ne pénétrait sinon par le guichet et au su du Roy, sauf quelque maître d’hôtel ou personne de cette sorte qui n’allait point auprès de lui. Eh bien, est-il possible, si on veut le traiter avec les égards qu’on lui doit, de tenir un Roy en plus étroite prison qu’il se tenait lui-même ?

Les cages où il avait enfermé les autres avaient quelques huit pieds de côté, et lui, un si grand Roy, n’avait pour se promener qu’une petite cour de 🏰. Encore n’y venait -il guère, se tenant dans la galerie sans en sortir sinon pour circuler dans les appartements, et se rendant à la messe sans circuler dans ladite cour. Oserait-on prétendre qu’il ne souffrait point, ce Roy qui s’enfermait et se faisait garder de la sorte, qui craignait ses enfants et tous ses proches parents. Qui changeait et remplaçait chaque jour ses serviteurs et commensaux, lesquels ne tenaient biens et honneurs que de lui. Qui n’osait se fier à aucun d’eux et s’enchaînait lui-même en des chaînes et clôtures si extraordinaires ? Il est vrai que ce séjour était plus spacieux qu’une prison vulgaire. Aussi bien était-il lui-même plus grand que de vulgaires prisonniers. » Philippe de Commynes (Mémoires)
Une vie austère. Joli château.
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