»-. Sur le port, un indescriptible chaos précédait l’appareillage de notre ⛵. Les marins dépliaient les voiles tandis que les portefaix achevaient de garnir les cales de marchandises destinées à nos comptoirs orientaux. Un vent aigre faisait battre les toiles de jute enveloppant plus ou moins bien de gros ballots de drap de laine venus d’Angleterre, soulevait les jupons des femmes chargées de couffins de légumes frais, d’🍊 et de 🍋. Bientôt, cales pleines à craquer, le capitaine donnerait le signal du départ. On m’avait casé dans un réduit du 🏰 arrière, à côté de la cabine du capitaine. Déjà à bord, mes malles étaient arrimées dans l’entrepont.

L’effervescence autour de moi finit par me captiver. Et je souffris moins que je ne le craignais d’être séparé des miens. L’air sentait l’huile d’olive chaude. La morue, le 🍯 mêlé à la fleur d’oranger. Cramponnés à leurs bourriches, des enfants proposaient biscuits, noix, amandes. Quelques badauds surveillaient d’un œil amusé l’embarquement des bêtes vivantes, 🐷 et 🐔, 🐑 et pigeons qui, tant bien que mal, portés, poussés ou tirés, franchissaient la passerelle pour s’engloutir dans les cales. Un marin m’expliqua qu’on les mangeraient dans les premières semaines de la traversée. Et qu’ensuite nous serions réduits au lard et à la morue, aux haricots secs et pois chiches, quand ça ne serait pas à la bouillie d’orge mangée par les charançons. » Catherine Hermary-Vieille (L’initié)
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Belle histoire, joli tableau.
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