Le chaud et le froid

 »-. La foule me captivait. Chacun dans les rues s’activait, se pressait, commerçants, pèlerins, vieux sages avec leurs barbes peu fournies, élégantes en 👗 de soie, dignitaires chinois. Mais c’étaient les pébouns qui m’attiraient le plus. Uniques métallurgistes de Lhassa, on trouvait dans leur quartier forgerons, chaudronniers, plombiers, étameurs, fondeurs, orfèvres et bijoutiers. Ils étaient aussi alchimistes, et, par l’ouverture étroite des échoppes surmontées de l’effigie du ☀️ et de la 🌙, je devinais des 🔥 rougeoyants, des cornues, des alambics. -. Ce sont des magiciens-, me souffla Tang. Il n’aimait pas ces antres, où il croyait deviner la présence du mal. – . La curiosité permet de parvenir à la sagesse. Comment comprendre si on ne cherche pas tout d’abord à expérimenter ?-. De ce 🔥 puissant pouvait renaître une substance différente qui elle-même se calcinerait. La lumière se faisait matière, la matière redevenait lumière. C’était le secret de la vie et de la mort.

Vint le temps des épreuves. Un lama devait pouvoir se moquer du froid comme du chaud, de la souffrance et de la peur. Immobile, vêtu d’un seul drap que Tang avait mouillé, je passais dehors ma première 🌃 par une température glaciale. Progressivement, je rentrai en moi par la méditation. L’esprit régnait sur la matière. Et la chaleur commença à apparaître, grandit, m’investit. Je ne ressentai plus la moindre sensation de froid. En regagnant ma cellule à l’aube, j’eus l’impression d’avoir été arraché d’un lieu d’éternelle béatitude. » Catherine Hermary-Vieille L’initié)