Maman, j’ai cassé quelque chose !

 »-. Attention !-, cria Françoise, mais il était trop tard. Les pieds dressés de l’enfant ne purent maintenir leur position, et heurtèrent une petite table près de la cheminée, en faisant tomber un 🐶 et un 🐱 de porcelaine qui se brisèrent irrémédiablement. Il y eut un silence. L’enfant se redressa, le visage cramoisi, et regarda sa mère, qui, assise dans son lit, contemplait, atterrée, le désastre. – . Mon 🐕 et mon 🐈 ! Mes bibelots préférés, ceux que ma mère m’avait donnés !-

Je crus d’abord le choc de ce soudain accident trop grand pour provoquer sa colère, mais un tourbillon d’émotions diverses dut la balayer un moment, rompant toutes les digues, et des mois , des années d’amertume peut-être, remontèrent à la surface. – . Petite idiote, avec tes horribles pieds maladroits ! Tu as cassé les seules choses que je possédais et que j’aimais dans cette 🏡. Ton père ferait mieux de t’enseigner la discipline et les bonnes manières que de te remplir la tête de toutes ces histoires stupides. Tu verras, tu verras, quand ton petit frère sera là, c’est lui qu’on cajolera et qu’on gâtera, tu passeras après, et ce sera bien fait pour toi et pour tout le monde. Maintenant laissez-moi tous les deux. Je ne veux plus vous voir ni l’un ni l’autre. Laissez-moi, pour l’amour du ciel !-. L’enfant, toute pâle, sortit en courant de la chambre. Je m’approchai du lit. -. Françoise…- mais elle me repoussa, les yeux hagards. » Daphné du Maurier (Le Bouc Émissaire)