»-. Au printemps, les nomades contournaient Lhassa, en route vers le nord. Installés sur leurs petits 🐎 aux selles de laine multicolores, les chefs précédaient la longue file des yaks, eux-mêmes accablés de paquets. Suivaient les bergers et leurs 🐑, femmes et enfants à pied. L’interminable file longeait le pied des 🗻 encore enneigées, d’où émergeaient les arêtes aiguës des rocs, la touffe trapue d’un buisson de broussailles. Sur la ligne de crête, un ciel d’un bleu dur contournait les cimes, effleurait le dôme enfouissant des glaciers. Parfois, des chutes de neige tardives effaçaient la lente progression des nomades. On ne discernait plus que des ombres fantomatiques qui semblaient traverser les flocons.

Hormis une planche où était posé un matelas garni de bourre de coton, je possédais dans ma cellule un coffre, le bol de bois qui me servait à manger, boire et mendier, une lampe à huile, un réchaud où se consumaient par les grands froids quelques briquettes de bouses de yaks, une théière en cuivre et un 🔪 pour morceler le thé agloméré. Je n’avais besoin de rien d’autre, et songeais avec étonnement à tout ce qui m’avait semblé nécessaire à Lisbonne. Sarah, notre servante, avait passé une existence entière à brosser, lustrer, cirer, recoudre, laver des objets sans importance que le temps réduirait en poussière, mon père et mon oncle à vendre et acheter des marchandises dont nul n’avait réellement besoin. » Catherine Hermary-Vieille (L’initié)
Jolie maison, belles couleurs
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