»-. Son père, Shim l’aveugle, partait chercher du lait pour sa petite Chong, juchée sur son dos. Il s’avançait vers l’endroit d’où lui parvenait le bruit des seaux de lessive et le rire des femmes. -. Chère Madame, je ne sais pas qui vous êtes, mais ayez pitié de ma fille qui a perdu sa mère, qui ne l’a connue que sept jours. Donnez-lui, s’il vous plaît, un peu de votre lait-. Moi, je n’en ai plus, mais plusieurs femmes allaitent dans mon village. Si vous y allez, personne ne vous refusera-.

Le père de Chong prit la direction indiquée en s’aidant de sa canne d’aveugle, puis se présenta devant une porte. -. Prenez en pitié cette petite qui n’a plus de mère, voyez ma misère, quand vous aurez nourri votre enfant, gardez pour elle, s’il vous plaît, un peu de votre lait-. Il mendiait ainsi auprès des femmes qui se reposaient un moment sous le saule pendant les travaux de désherbage, auprès de celles qui faisaient une pause au bord de la rivière lors de la corvée de lessive. Ainsi faisait-il chaque jour le tour des villages. Quand l’enfant semblait repue, il lui disait tout bas. -. Pour compenser l’infortune de ta jeunesse, tu connaîtras plus tard des jours meilleurs. Puisque tu n’as plus faim, je vais tâcher de trouver à me nourrir, maintenant. » Hwang Sok Yong (Shim Chong, fille vendue)
Une histoire émouvante, beau tableau.
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