Morbus contagiosus

 »-. Remontant par le Danube l’antique route des invasions et des épidémies, la Grande Voyageuse était entrée dans Vienne sans 🥁 ni 🎺. Mêlée aux hordes de saisonniers venus de l’est comme chaque automne aider à la vendange, elle s’était faufilée dans la ville. Et y avait pris ses quartiers d’hiver là où elle ne gênait personne, dans les faubourgs de la misère. Tout au long de la millénaire errance qui l’avait ballottée d’Alexandrie à Tunis, de Smyrne à Tiflis, de Tripoli à Bagdad, de Bâle à Anvers, d’Édimbourg à Lübeck, de Saragosse à Budapest, de Gratz à Florence, elle avait appris à vivre, la Dame en noir, et à jouer la carte toujours gagnante, celle du mépris qu’ont les nantis pour les pauvres.

En ce mois de janvier 1679, les fosses communes, elles, se remplissaient déjà aux abords de la ville. Plusieurs centaines de cadavres y portaient leurs pénates. Mais leurs miasmes restaient captifs sous le givre et sous la glace. Vienne se laissait bercer par la douce assurance que la mort des pauvres n’infeste pas les honnêtes gens. Les Diaforus de Vienne, index levé, y allaient gravement de leur réprimande. -. Faut-il s’étonner que la populace, qui se donne sans foi ni loi à la beuverie, à la ripaille et à la fornication succombe à la syphilis ou à la contagion morbide que sa dépravation engendre ?-. Morbus contagiosus.. Incognito sous sa capuche, crochetant en toute quiétude les mailles de son filet, la Peste prenait note de son sobriquet viennois. » Christiane Singer (La mort viennoise)

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