»-. Jadis, dans nos campagnes, il en Ă©tait ainsi depuis des siĂšcles, dĂšs la mauvaise saison venue, celle du gel de la neige et des đ les plus longues, les gens, pour occuper leurs soirĂ©es, s’invitaient Ă tour de rĂŽle pour une veillĂ©e au coin du đ„. LĂ , pendant que les femmes, toujours papotantes, Ă©grenaient le maĂŻs ou tricotaient, les hommes jouaient Ă la belote ou Ă la manille. Souvent aussi, dĂ©laissant le jeu, ils refaisaient le monde, parlant de tout, de rien, du froid, de la chasse, de la đ, des informations glanĂ©es au cours de la derniĂšre foire et de tous les potins de la rĂ©gion.

Mais ce brouhaha durait peu, car il se trouvait toujours un ou deux participants, pas toujours les plus ĂągĂ©s mais assurĂ©ment les meilleurs conteurs, pour monopoliser trĂšs vite l’attention de tous. Renaissaient alors, grĂące Ă eux, des histoires mille fois entendues, mais toujours enjolivĂ©es et peaufinĂ©es donc toujours aussi prenantes, que les narrateurs tenaient de leurs anciens et qu’ils portaient en eux depuis leur jeunesse. Car toujours, au cours de ces soirĂ©es, les enfants tapis tout prĂšs du đ„, silencieux parce qu’avant tout dĂ©sireux de se faire oublier, seul moyen d’Ă©chapper au lit oĂč ils auraient dĂ» ĂȘtre, Ă©coutaient, bouche bĂ©e, passionnĂ©s par les rĂ©cits des adultes. Ils engrangeaient ainsi, par la grĂące de la transmission orale, la plus vieille et la plus simple de toutes, ces histoires. Qui, suivant les soirĂ©es, leur parlaient du pays, des voisins, des drames et des joies vĂ©cues par tel ou tel, la semaine prĂ©cĂ©dente ou soixante-dix ans plus tĂŽt. » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)
C’Ă©tait avant la tĂ©lĂ©vision ! Beau feu !
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