»-. Je recule toujours devant le rĂ©cit de cette đ. Elle Ă©tait si chaude que nous n’avions pu laisser les persiennes closes, malgrĂ© ton horreur des chauves-souris. Nous avions beau savoir que c’Ă©tait le froissement des feuilles d’un tilleul contre la đĄ, il nous semblait toujours que quelqu’un respirait au fond de la chambre. Et parfois le vent imitait, dans les frondaisons, le bruit d’une averse. La đ, Ă son dĂ©clin, Ă©clairait le plancher et les pĂąles đ» de nos vĂȘtements Ă©pars. Nous n’entendions plus la prairie murmurante dont le murmure s’Ă©tait fait silence. Tu me disais. -. Dormons, il faut dormir-. Mais, au fond de notre lassitude, une ombre rĂŽdait. Du fond de l’abĂźme, nous ne remontions pas seuls. Il surgissait, ce Rodolphe inconnu, que j’Ă©veillais dans ton â€ïž, dĂšs que mes bras se refermaient sur toi.

Et, quand je les rouvrais, nous devinions sa prĂ©sence. Je ne voulais pas souffrir, j’avais peur de souffrir. L’instinct de conservation joue aussi pour le bonheur. Je savais qu’il ne fallait pas t’interroger. Je laissais ce prĂ©nom Ă©clater comme une bulle Ă la surface de notre vie. Ce qui dormait sous les eaux endormies, ce principe de corruption, ce secret putride, je ne fis rien pour l’arracher Ă la vase. Mais toi, misĂ©rable, tu avais besoin de libĂ©rer par des paroles cette passion déçue et qui Ă©tait restĂ©e sur sa faim. Il suffit d’une seule interrogation qui m’echappa. -. Mais enfin, ce Rodolphe, qui Ă©tait-il ?-. Il y a des choses que j’aurais dĂ» te dire… Oh ! Rien de grave, rassure-toi-. Tu parlais d’une vois basse et prĂ©cipitĂ©e. Ta tĂȘte ne reposait plus au creux de mon Ă©paule. DĂ©jĂ l’espace infime qui sĂ©parait nos corps Ă©tendus Ă©tait devenu infranchissable. » François Mauriac (Le nĆud de vipĂšres)
Prise de tĂȘte !
JâaimeAimĂ© par 1 personne