
»-. Nous sommes pris dans un typhon… Veille à tenir ton cap ! Ce sera dur ! – Des lueurs fantastiques brillaient sur les crêtes des 🌊, et le vent jetait tout son poids sur le cargo, qui commençait à donner les signes de défaillance du noyé qui ne peut s’arracher au tourbillon de la mort. Les marins essayaient de trouver un refuge sous le pont de la passerelle. Seuls le vieux capitaine Farell et le timonier s’accrochaient désespérément à leur poste.

Le père Anselme avait dû abandonner son bréviaire et se maintenait, comme il pouvait, debout contre la paroi de la cabine. Il vit passer et repasser, à toute vitesse, sur le pont, à ses pieds, un homme d’équipage entraîné dans un remous d’eau et de poutres. Un autre homme le suivait, à plat-ventre, essayant de s’accrocher à ses jambes pour l’empêcher de passer par-dessus bord, dans ce va-et-vient indescriptible. Des cris, des piétinements, une confusion de têtes et de bras. Tantôt à bâbord, tantôt à tribord, ce fut tout. Le pont fut balayé. Quand il atteignit la passerelle, seul le vieux Farell s’y trouvait encore, le timonier avait été emporté par un paquet d’eau salée.


Un bruit strident de sonnette d’alarme venait de la salle des machines. C’était le cri d’adieu du Saint-John. – Nous sommes perdus -. Le vieux Farell avait lâché cet aveu lorsqu’il avait aperçu, venant avec une rapidité foudroyante, en sens inverse, une ligne blanche d’écume s’élevant si haut qu’il n’en put croire ses yeux. Le père Anselme entendait le bruit de martèlement sourd des pistons. Le Saint-John avait son pouls d’agonie.


Le conseil de l’auteur …qui ne fut hélas pas suivi d’effet, et l’affaire se termina bien mal… »-. Croyez-vous que ce soit bien prudent, avec une mer pareille ?-. Le Saint-John en a vu d’autres, et son capitaine est un vieux loup de mer. S’il lève l’ancre, c’est que tout ira bien-. Le Pacifique était déchaîné. » Guy des Cars (L’Impure)
Belle série de tableaux sur la mer et les bateaux.
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