»-. Que charité soit synonyme d’amour, tu l’avais oublié, si tu l’avais jamais su. Sous ce nom, tu englobais un certain nombre de devoirs envers les pauvres dont tu t’acquittais avec scrupule, en vue de ton éternité. Je reconnais que tu as beaucoup changé sur ce chapitre, maintenant tu soignes les cancéreuses, c’est entendu ! Mais, à cette époque, les pauvres, tes pauvres, une fois secourus, tu ne t’en trouvais que plus à ton aise pour exiger ton dû des créatures vivant sous ta dépendance. Tu ne transigeais pas sur le devoir des maîtresses de 🏡, qui est d’obtenir le plus de travail pour le moins d’argent possible.

Les plus timides invites des domestiques et des travailleurs pour une augmentation de salaire suscitaient d’abord en toi une stupeur, puis une indignation dont la véhémence faisait ta force et t’assurait toujours le dernier mot. -. Vous avez le logement, une barrique de vin, la moitié d’un 🐷 que vous nourrissez avec mes pommes de terre, un jardin pour faire venir des légumes-. Les pauvres diables n’en revenaient pas d’être si riches. Tu assurais que ta femme de chambre pouvait mettre intégralement à la Caisse d’épargne les quarante francs que tu lui allouais par mois. -. Elle a toutes mes vieilles 👗, tous mes jupons, tous mes souliers. À quoi lui servirait l’argent ? Elle en ferait des 🎁 à sa famille…- » François Mauriac (Le nœud de vipères)
Joli tableau !
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