»-. J’aime l’ đ°, je l’avoue, il me rassure. Aussi longtemps que je demeure le maĂźtre de la fortune, vous ne pouvez rien contre moi. -. Il en faut si peu Ă notre Ăąge… – Quelle erreur ! Un vieillard n’existe que par ce qu’il possĂšde. DĂšs qu’il n’a plus rien, on le jette au rebut. Nous n’avons pas le choix, entre la maison de retraite, l’asile. Et la fortune. Les histoires de paysans qui laissent mourir leurs vieux de faim aprĂšs les avoir dĂ©pouillĂ©s, que de fois en ai-je surpris l’Ă©quivalent, avec un peu plus de formes et de maniĂšres, dans les familles bourgeoises ! Eh bien oui, j’ai peur de m’appauvrir. Il me semble que je n’accumulerais jamais assez d’or. Il vous attire, mais il me protĂšge.

L’heure de l’angĂ©lus est passĂ©e et je ne l’ai pas entendue. Mais il n’a pas sonnĂ©, c’est aujourd’hui le Vendredi saint. Les hommes de la famille vont arriver, ce soir, en auto, je descendrai dĂźner. Je veux les voir tous rĂ©unis. Je tiens Ă manger ma cĂŽtelette, en ce jour de pĂ©nitence, non par bravade, mais pour vous signifier que j’ai gardĂ© ma volontĂ© intacte et que je ne cĂ©derai sur aucun point. Toutes les positions que j’occupe depuis quarante-cinq ans, et dont tu n’as pu me dĂ©loger, tomberaient une Ă une si je faisais une seule concession. En face de cette famille nourrie de haricots et de sardines Ă l’huile, ma cĂŽtelette du vendredi saint sera le signe qu’il ne reste aucune espĂ©rance de me dĂ©pouiller vivant… » François Mauriac (Le nĆud de vipĂšres)
VoilĂ qui me donne envie de le relire. Quelle luciditĂ© ! Et il ne savait pas que le pire Ă©tait Ă venir…
JâaimeAimĂ© par 1 personne
Un constat amĂšre et lucide !
JâaimeAimĂ© par 1 personne
Mais il reste des familles pas vĂ©nales mais aimantes đ
JâaimeAimĂ© par 1 personne
Et ce type m’a tout l’air d’un radin non ?
JâaimeAimĂ© par 1 personne