»-. Un beau matin de juillet, le cuisinier du comte de Lambert fut emporté par l’épidémie. Cette mort, si près des marmites où mitonnait encore la veille le souper d’un haut dignitaire de la cour, pertuba la sécrétion des sucs gastriques, et frappa cruellement les esprits. Un nouveau maître-queux se présenta sur-le-champ. C’était l’été continental. Transformant Vienne en chaudron, il y posa son lourd couvercle. Désormais, tout alla se précipitant.

Les fruits pourissaient dans les cageots bourdonnant de mouches, le lait tournait à peine trait, viandes et graisses se corrompaient. Les 🐈 levaient à peine un sourcil au passage des rats dont le trot aussi s’alourdissait. Les fosses d’aisance baillaient jusqu’au ciel leur pestilence. Et l’épidémie fit rage. Les 🏡 cossues et les palais, tout menaça désormais de flamber. Les victimes se comptaient par milliers. Dans l’air immobile et croissant monta le ricanement de la Mort. Ceux qui, comme tiques, avaient vrillé leurs têtes suceuses au corps de l’État, pompé richesses et honneurs, furent les premiers frappés d’effroi. Quelles troupes lever contre cette menace ? Contre qui, centre quoi lancer reîtres, dragons, piquiers, cuirassiers, carabiniers ? Quelles gorges trancher ? Quels ventres fouiller ? Quelles chairs pourfendre ? » Christiane Singer (La mort viennoise)
Triste histoire ! Joli poisson.
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