
»-. Que le Marais est dur. Il rend les gens fous-. Par peur. Pour des raisons obscures de croyance. De ces croyances dont certains pensaient qu’elles n’Ă©taient bonnes que pour les femmes, mais qui tremblaient lorsqu’une moitiĂ© d’oignon traĂźnait sur la table, ou qu’une chouette hululait trois fois sur un toit de đĄ. Cette peur des sorciers qui gangrenait tout, comment l’expliquer, sinon par les fiĂšvres des marais ? Il devait bien y avoir quelque chose de maudit dans ces endroits-lĂ , puisque, de temps en temps, on voyait des flammes de đ„ follet s’Ă©lever des touffes qui dĂ©passaient de l’eau. Comme ceux des cimetiĂšres, dont on disait que c’Ă©taient les Ăąmes des morts qui s’Ă©chappaient pour toujours. Ce n’Ă©tait pas une preuve de mauvais sort, ça ?


Dans le printemps naissant, le Marais Ă©tait maintenant gorgĂ© d’eau. Le vent, qui arrivait avec force depuis l’autre cĂŽtĂ© de l’Ă©tang, tordait les ajoncs et les sigores. Les đ n’avaient pas encore fait de longs parcours. Si ce temps continuait, il faudrait les laisser Ă l’abri. Mais ce n’Ă©tait pas ce qui occupait RĂ©mi en ce moment. Cette eau, pour lui, Ă©tait bĂ©nie, parce qu’elle allait prouver Ă tous qu’il avait raison. Accroupi sous la pluie, il regardait le terrain que lui avait confiĂ© l’abbĂ© Mourre. MalgrĂ© toute l’eau qui Ă©tait tombĂ©e, le sol n’Ă©tait pas dĂ©trempĂ©. Par contre, les fossĂ©s qu’il avait recreusĂ©s, aprĂšs les dĂ©gradations faites par les gens du village, coulaient Ă flots vers l’Ă©tang. Dans quelque temps, il aurait la satisfaction de voir germer toutes les graines de pin qu’il avait semĂ©es. -. Rira bien qui rira le dernier, ce pays m’a pris pour un fou. Un jour, il me dira merci-. » Bernard Duporge (L’ombre du lilas)


Le conseil de RĂ©mi. – »En plus, un espoir l’avait envahi. Les terres, de Bordeaux Ă la pointe du MĂ©doc, et jusqu’aux premiĂšres grandes landes, Ă©taient dĂ©sormais un dĂ©partement qui s’appelait la Gironde. Il regretta les noms chantants de Guyenne et de Gascogne, mais bon, si c’Ă©tait mieux ainsi… Il fallait que, dans un jour proche, la terre soit rendue au peuple. Pour que chacun ait sa chance. »
Ping : Ce đ de Marais ! – Le VĂ©lin et la Plume
Belle série de tableaux pour illustrer cette histoire.
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