»-. Ce furent trois jours pleins, exquis, splendides, une vraie đ de miel. Ils Ă©taient Ă l’HĂŽtel de Boulogne, sur le port. Ils vivaient lĂ volets fermĂ©s, portes closes, avec des fleurs par terre et des sirops Ă la glace, qu’on leur apportait dĂšs le matin. Vers le soir, ils prenaient une barque couverte et allaient dĂźner dans une đïž. C’Ă©tait l’heure oĂč l’on entend, au bord des chantiers, retentir le maillet des calfats contre la coque des vaisseaux. La fumĂ©e du goudron s’Ă©chappait d’entre les đČ, et l’on voyait sur la riviĂšre de larges gouttes grasses, ondulant inĂ©galement sous la couleur pourpre du âïž, comme des plaques de bronze florentin, qui flottaient. Ils descendaient au milieu des barques amarrĂ©es, dont les longs cĂąbles obliques frĂŽlaient un peu le dessus de la barque.

Les bruits de la ville insensiblement s’Ă©loignaient, le roulement des charrettes, le tumulte des voix, le jappement des đ sur le pont des â”. Elle dĂ©nouait son chapeau, et ils abordaient Ă leur đïž. Ils se plaçaient dans la salle basse d’un cabaret, qui avait Ă sa porte des filets noirs suspendus. Ils mangeaient de la friture d’Ă©perlans, de la crĂšme et des đ. Ils se couchaient sur l’herbe. Ils s’embrassaient Ă l’Ă©cart sous les peupliers. Et ils auraient voulu, comme deux Robinsons, vivre perpĂ©tuellement dans ce petit endroit qui leur semblait, en leur bĂ©atitude, le plus magnifique de la terre. Ă la đ, ils repartaient. La barque suivait le bord des đïž. Ils restaient au fond, tous les deux cachĂ©s par l’ombre, sans parler. Il fallut pourtant se sĂ©parer ! Les adieux furent tristes. C’Ă©tait chez la mĂšre Rollet qu’il devait envoyer ses lettres, elle lui fit des recommandations si prĂ©cises Ă propos de la double enveloppe qu’il admira grandement son astuce amoureuse. » Gustave Flaubert (Madame Bovary)
Jolis poissons !
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