»-. Dans le soir qui s’avançait, ils Ă©taient tous excitĂ©s Ă l’idĂ©e de cette đ-lĂ . Dans les champs, sur le bord des routes, les femmes avaient rĂ©coltĂ© des fleurs blanches de Saint-Jean. Elles en avaient fait des croix qu’elles mettraient, une fois bĂ©nies, au-dessus des portes d’entrĂ©e des đĄ et des Ă©curies. Pour chasser le mauvais oeil. La jalousie du voisin. Ăloigner la maladie. Les fiĂšvres, la pellagre.

Tout le village Ă©tait rassemblĂ© sur la place de l’Ă©glise. Les tenanciers avaient mis les tonneaux en perce. AprĂšs la bĂ©nĂ©diction du curĂ©, le vin ou la piquette coulerait jusqu’au petit matin, alimentant les cris, les danses, les jeunes. Ils se saouleraient et oublieraient leur quotidien, rĂȘvant, dans un sommeil agitĂ©, Ă un autre monde. Le matin les trouveraient anĂ©antis par la fĂȘte, et ils repartiraient vers leur labeur, avec le sentiment d’avoir croisĂ© le bonheur. Au moins un instant. Marie n’aimait pas cette đ. Pas Ă cause de la fĂȘte, mais Ă cause du choix dĂ©cideur des garçons, qui faisait des filles un objet qu’on choisit. Bien sĂ»r, les filles n’Ă©taient pas obligĂ©es de dire oui, mais la coutume Ă©tait forte. EnracinĂ©e. Marie Ă©tait sĂ»re qu’aprĂšs la ronde, RĂ©mi Loustalot sauterait le đ„ pour elle. Parce qu’il l’avait choisie. » Bernard Duporge (L’ombre du lilas)
Belle histoire, un tableau original.
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