»-. Comme tous les provinciaux de Paris, Isabelle, en sortant le matin, regarde le ciel. Elle y considĂšre la mine de la journĂ©e, elle y pressent le goĂ»t qu’aura cette semaine. Elle n’a pas encore partie liĂ©e avec le calendrier ni le thermomĂštre, mais avec les đŠ et les đČ, avec OrlĂ©ans et son enfance qu’elle croit dĂ©tester. De cette foule oĂč elle se fond, personne ne lĂšvera les yeux de toute la journĂ©e. Pour les Parisiens, le ciel n’est qu’un toit et, lorsqu’il pleut, ils lui jettent le regard courroucĂ© du locataire vers un mauvais plafond.

Septembre, lundi matin, et il pleut. Mais, tandis que les passants reprennent dĂ©jĂ leur personnage d’automne, Isabelle sait que ce n’est qu’une humeur du ciel. Affluent du grand fleuve souterrain qui, depuis l’aube, gronde sous la ville et, par instants, Ă©branle les đĄ, Isabelle descend avec une foule d’inconnus les escaliers du mĂ©tro. La voici dans le tourbillon des visages. Est-ce un de matins oĂč elle les aime, ce qui, pour les gens des villes, est l’Ă©tat de grĂące ? OĂč elle les plaint ? OĂč elle les redoute ? Lundi. Chacun, Ă son insu, a retrouvĂ© son visage d’Ă©colier Ă la rentrĂ©e d’octobre. Samedi soir et dimanche y ont laissĂ© leurs alluvions, plaisirs et regrets mĂȘlĂ©s. – Ils montrent tous un air dĂ©senchantĂ©-. DĂ©senchantĂ© parce que c’est lundi. -. Moi-mĂȘme…- » Gilbert Cesbron ( Une đ contre la vitre)
Une certaine vue de Paris, beau tableau.
JâaimeAimĂ© par 1 personne