»-. Vengeance, trahison, la tĂȘte de Launay !-. Teddy allait, obĂ©issant, trop fatiguĂ© pour tenter de lutter contre le courant. Il fut ainsi portĂ©, sans trop savoir comment, jusqu’au jardin du Petit Arsenal. Comme il ne se souciait point de prendre part Ă l’action, il se hissa comme il put dans un đČ, s’installa Ă califourchon sur une grosse branche, et souffla. Il assista de lĂ Ă des spectacles imprĂ©vus. Des jeunes gens roulaient vers la forteresse des tonneaux d’huile d’oeillette, ayant imaginĂ© d’asperger les murailles avec cette huile et de l’enflammer Ă l’aide de phosphore. Il Ă©tait un peu plus de quatre heures lorsque la garde française et la garde nationale entrĂšrent en scĂšne. Les canons furent pointĂ©s. Une dĂ©tonation formidable retentit, accompagnĂ©e d’un âïž opaque de fumĂ©e. Dans son đČ, Teddy se trouva provisoirement sourd et aveugle.

Quand la fumĂ©e fut dissipĂ©e, il contempla les canonniers improvisĂ©s qui rechargeaient leurs pieces. Ces gens semblaient fort goĂ»ter les mĂ©rites de l’artillerie, d’autant qu’on avait ouvert les caves du gouverneur et des pillards gĂ©nĂ©reux apportaient du vin en abondance aux servants de la batterie. Les bouteilles, dĂ©capitĂ©es Ă coups de crosse, laissaient couler un vin dorĂ© ou brunĂątre. Teddy sentit croĂźtre dĂ©mesurĂ©ment sa soif. On entendit plusieurs voix qui criaient.-. Abaissez le pont !- et le pont-levis s’inclina. Il n’avait pas encore touchĂ© terre qu’un garde s’y accrochait, l’escaladait et bondissait Ă l’intĂ©rieur de la forteresse, suivi par la meute hurlante qui envahit en un clin d’Ćil la grande cour. La Bastille Ă©tait prise. La montre de Teddy marquait cinq heures moins dix. » AndrĂ© Rigaud (L’Ă©trange voyage de Teddy Hubbarth)
Belles couleurs sur ce tableau.
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