»-. J’aimerais comprendre comment un garçon de votre sorte, le neveu des dictateurs du Costa Verde, a brusquement décidé de rejoindre, contre les siens, le camp de la lutte armée-. Banal. Toutes les guérillas d’Amérique latine sont composées en majorité d’étudiants ou de jeunes officiers dont les familles détiennent le pouvoir économique et politique. La raison en est simple, les études coûtent cher et seuls peuvent étudier les membres de l’oligarchie. Pour faire la révolution, pour avoir le temps d’y penser, il faut d’abord être bien nourri, ensuite savoir lire et écrire, disposer de 💷, de journaux, de revues, avoir des contacts avec le monde extérieur. Chez nous, le peuple est illettré, il crève de faim. Nous seuls possédons les moyens, les loisirs et l’énergie de faire la révolution-.

-. Cette révolution pourrait être ramenée à un simple problème de succession. Au sein d’une même famille, une génération remplaçant l’autre au pouvoir, sous une étiquette différente-. Il existe une différence fondamentale entre ce que vous appelez un problème de succession, et nous une révolution. Nous tenons à faire participer le peuple au pouvoir, alors que tout le jeu de l’oligarchie, aidée par l’Église, a été de l’en tenir à l’écart. Mon éducation, c’est la Suisse, le France, les États-Unis. Mais un bon révolutionnaire ne doit pas être sans racines, c’est pourquoi j’ai voulu terminer mes études à l’université de San Isidro. J’ai eu du mal à vaincre la défiance de mes camarades. Maintenant ils me croient-. » Jean Larteguy (Les libertadors)
Où l’on apprend que ce sont les nantis qui font la révolution et pas les malheureux ! Joli poisson bien féroce.
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