»-. Devant la đĄ blanche, s’Ă©tage une succession de terrasses offertes au âïž. Les pensionnaires s’y tiennent le plus souvent, et soeur Marie Mathilde nomme ce lieu ma serre. Entre deux tĂąches, mais celle-ci n’est-elle pas la plus importante, la bonne jardiniĂšre passe y rendre visite Ă ses plantes. Isabelle ne s’assied ou ne se promĂšne que sur la plus haute des terrasses, car l’horreur d’ĂȘtre observĂ©e l’emporte sur le dĂ©plaisir de voir ses semblables. Elles sont trente femmes de tous Ăąges, et n’ont, en apparence, d’autres points communs que leur teint gris et leur air navrĂ©. En apparence, car, de plus, chacune, vieille ou jeune, mariĂ©e ou non, plaisante ou laide, traĂźne une affaire de â€ïž qu’elle croĂźt unique.

Comment Ă©chapper Ă leurs confidences ? Isabelle, qui n’en fait aucune, est un vase prĂ©cieux. Un vase vide oĂč toutes se sont Ă©panchĂ©es, jusqu’Ă ce que son propre silence leur paraisse suspect. L’indiscrĂ©tion, comme l’impudeur, ne peuvent ĂȘtre que rĂ©ciproques. Isabelle a donc appris, dĂšs les premiers jours, que ces inconnues, si peu soucieuses de le demeurer, composaient un panorama complet de tous les dĂ©sordres sentimentaux. Et qu’elles s’en montraient aussi glorieuses qu’accablĂ©es. Quoiqu’elle prĂ©tendit pour se concilier leur confidence, aucune ne cherchait Ă ĂȘtre conseillĂ©e. Plainte seulement, plainte mais admirĂ©e pour l’Ă©tendue de ses malheurs. Cet incessant caquetage sur les terrasses dressait un palmarĂšs permanent de la passion, du dĂ©vouement et de l’abnĂ©gation humaine. Ou plutĂŽt de la jalousie, de la tyrannie et de la veulerie des femmes. » Gilbert Cesbron (Une đ contre la vitre)
Beau tableau !
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