»-. Pas par là, c’est une rue mal famée. Nous sommes dans une sorte de ghetto, bien qu’il n’y ait pas ici un seul juif. Nous le traversons parce que c’est plus court. Mais de là à nous aventurer je ne sais où …-. Il y en a combien, ici, des lanternes ? Je n’en ai aperçu qu’une.-. Trois-. Et le silence se refait. Inutile de demander à Nabucet comment ils étaient. À quoi bon, puisque de toute façon il n’y pourrait mettre les pieds. Un des malheurs de ces petites villes de province, c’était justement qu’on ne pouvait pas aller y faire un tour quand on était capitaine, ou professeur. Et il n’y avait pas de 🏡 élégantes, comme dans les grandes villes, Toulouse par exemple, ou Lyon. Quant aux cafés, évidemment, il n’y fallait pas songer. C’étaient des cafés sans femmes. Alors, comment se débrouiller ?

-. Ça, mon cher, tu touches là un sujet qui ne m’est guère familier. Je ne suis pas compétent en ces matières -. Enfin si on a envie de passer une soirée…?-. Ils ne sont pas si nombreux, ceux qui ont envie de passer une soirée, comme tu dis-. Ils ne couchent pas avec les femmes des autres ?-. Pas tant qu’on le croit-. Ça aussi, c’était une légende, il y avait bien par ci par là des liaisons, mais très rarement. Il acquérait peu à peu la conviction que, depuis dix ans qu’il était veuf, Nabucet n’avait pas couché avec une femme. » Louis Guilloux (Le Sang Noir)
Un sujet délicat ! Beaux portraits.
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