»-. Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d’octobre, pensant que le marquis d’Andervilliers, peut-être, donnerait un bal. Mais tout septembre s’écoula sans lettres ni visites. Après l’ennui de cette déception, son ❤️, de nouveau, resta vide, et alors la série des mêmes journées recommença. Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à la file, toujours pareilles, innombrables, et n’apportant rien ! Les autres existences, si plates qu’elles fussent, avaient du moins la chance d’un événement. Une aventure amenait parfois des péripéties à l’infini, et le décor changeait. Mais, pour elle, rien n’arrivait. Dieu l’avait voulu ! L’avenir était un corridor tout noir, et qui avait au fond sa porte bien fermée.

Elle abandonna la musique. Pourquoi jouer ? Qui l’entendrait ? Puisqu’elle ne pourrait jamais, en 👗 de velours à manches courtes, sur un 🎹 d’Erard, dans un concert, battant de ses doigts légers les touches d’ivoire, sentir, comme une brise, circuler autour d’elle un murmure d’extase, ce n’était pas la peine de s’ennuyer à étudier. Elle laissa dans l’armoire ses cartons à dessins et la tapisserie. À quoi bon, à quoi bon ? La couture l’irritait. -. J’ai tout lu-, se disait-elle. Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regardait la pluie tomber. » Gustave Flaubert (Madame Bovary)
Une femme qui n’a plus goût à rien ! Joli poisson dans son bocal.
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