»-. L’homme qui fut tuĂ© cette đ-lĂ , dans le Barrio Laguna, entre deux heures et trois heures du matin, Ă©tait si falot, si inconstant, qu’il semblait n’ĂȘtre que le zombie, l’ombre, le đ» de lui-mĂȘme. Il se nommait Enrique, dit Quique, et n’avait jamais trĂšs bien compris ce qu’il Ă©tait venu faire sur cette sacrĂ©e planĂšte. TouchĂ© par trois balles en pleine tĂȘte, il n’eut pas le loisir de se demander pourquoi on l’en retirait. Ce fut un accident, personne ne s’Ă©tant jamais souciĂ© de le descendre. Au barrio, on disait qu’il ne valait mĂȘme pas le coup de đĄïž. Avec trois balles, il fut donc assassinĂ© trĂšs au-dessus de ses moyens.

Quique Ă©tait maigre, gris, mal rasĂ©, toujours vĂȘtu du mĂȘme pantalon de toile, serrĂ© Ă la taille par une corde, de la mĂȘme chemise sale, ouverte sur une poitrine creuse oĂč poussaient comme des lichens quelques touffes de poils. Il rĂŽdait gĂ©nĂ©ralement autour des boĂźtes Ă filles, prĂȘt Ă rendre n’importe quel service en Ă©change d’un pourboire, d’une assiette de đ, d’un verre d’alcool. Fouilleur de poubelles, il Ă©tait toujours prĂȘt Ă prendre le large pour Ă©viter les coups. Quel Ăąge avait-il ? Quarante, cinquante ans ? Lui-mĂȘme l’ignorait, n’ayant jamais Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© Ă aucun Ă©tat civil. Sa mĂšre, qui l’avait eu d’un client de rencontre, l’abandonna sur le pavĂ© pour suivre un autre client, qui partait travailler aux mines d’or. » Jean Larteguy (Les libertadors)
Une triste histoire ! Joli portrait d’un vagabond.
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Hi Christine! How have you been? I just wanted to share that not only do I find your paintings very interesting; I enjoy your writings as well. âșïž
Best wishes,
Harshi
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