»-. Novembre s’Ă©tait envolĂ©, un hiver sans neige lui avait succĂ©dĂ©, et elle avait fait connaissance avec la vraie solitude, dans une đĄ beaucoup trop grande pour elle. Pour plus de compagnie, elle allumait la radio chaque soir en mangeant sa soupe, son đ et son morceau de fromage. Elle connaissait par â€ïž les chansons Ă la mode Etoile des neiges, Ma cabane au Canada, et il lui arrivait de les fredonner en gardant les đ. En lisant les livres prĂȘtĂ©s par Marie, elle se rappelait son enfance, l’Ă©cole, tout un monde dans lequel elle se rĂ©fugiait volontiers. Ceux du village ne l’avait pas abandonnĂ©e Ă son sort. Ils ne laissaient pas passer une journĂ©e sans venir la voir, lui achetaient des fromages de đ ou lui portaient quelques menus đ.

Au printemps, donc, elle avait repris le chemin des Combes et des coteaux, un đ· dans son panier. Elle lisait toujours avec la mĂȘme Ă©motion, recherchait dans les romans offerts par ses filles ses hĂ©ros favoris. FĂ©lix et Madame de Mortsauf, ou encore Maria Chapdelaine et François Paradis. Elle avait dĂ©couvert Madame Bovary, Jacquou le Croquant, ThĂ©rĂšse Raquin, le Rouge et le Noir, Les Hauts de Hurlevent, Le Mas ThĂ©otime. Et elle lisait et relisait comme si sa vie en dĂ©pendait, comme si elle pouvait enfin donner libre cours Ă cette passion longtemps interdite. Elle parlait Ă son mari dĂ©funt de ses lectures, lui faisait partager les secrets de ses personnages prĂ©fĂ©rĂ©s dont elle se croyait par ailleurs familiĂšre. Et elle se surprenait Ă se sentir heureuse. » Christian Signol (Les menthes sauvages)
Belles maisons sous la neige.
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Une vis solitaire un peu triste, jolie maison en hiver.
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