Je te prends en otage

 »-. Quand ils arrivèrent à la mine, ce fut pour apprendre une autre catastrophe. La femme d’un des ingénieurs américains venait d’être violée. On lui avait donné un guérillero pour l’accompagner, un certain Ramon, être paisible et sans histoire, toujours de bonne humeur. Ramon s’était jeté sur Anna et l’avait bousculée sur le lit. Il s’était laissé désarmer sans opposer de résistance, se bornant à répéter.-. Quand tu as bien besogné une femme, que tu as pris ton plaisir, qu’elle a pris le sien, elle doit te faire à manger. C’est comme ça que ça se passe chez nous-. Ramon était devenu fou.

Le chef fit venir le directeur de la mine, un grand homme roux et corpulent qui avait roulé sa bosse partout où l’on trouvait de l’or. -. Je vous présente toutes mes excuses pour ce qui s’est passé, un de mes guérilleros a perdu la tête, on va le fusiller -. Ça n’arrangera rien. À moins que ça vous permette de reprendre vos guérilleros en main, ils en ont grand besoin. La femme se remettra, c’est pas une fillette et elle en a vu d’autres. Le mari oubliera et prendra une cuite de plus. On changera le ménage de pays, et, maintenant, allez vous faire foutre. Et dites-vous bien que si vous demandez pour notre libération une rançon trop forte, la société ne la paiera pas. Ils sont près de leurs sous, à la Mining Gold and Copper-. Pauvre Anne, sa sœur a déjà eu des ennuis du même genre. Mais c’était au Congo, avec les nègres. Et elle était religieuse. » Jean Larteguy (Les libertadors)