»-. Ispahan, c’est la moitié du monde !- disent les Persans. Déjà, en 1074, que de mots pour vanter la ville, ses pierres, de la galène, ses mouches des 🐝, son Herbe de safran, son air si pur, si sain, ses greniers ne connaissent pas la calandre, aucune chair ne s’y décompose -. Il est vrai qu’elle est située à cinq mille pieds d’altitude. Mais Ispahan abrite aussi soixante caravansérails, deux cent banquiers et changeurs, d’interminables bazars couverts. Ses ateliers filent la soie et le coton. Ses tapis, ses tissus, ses cadenas s’exportent vers les plus lointaines contrées. Ses roses s’épanouissent en mille variétés. Son opulence est proverbiale. Cette ville, la plus peuplée du monde persan, attire tous ceux ceux qui cherchent le pouvoir, la fortune ou la connaissance.


Je dis cette ville, mais il ne s’agit pas à proprement parler d’une ville. On raconte l’histoire d’un jeune voyageur, si pressé de voir Ispahan qu’il s’était séparé de sa caravane le dernier jour, pour galoper seul à bride abattue. -. Où comptes-tu aller de ce pas, mon fils ?- . À Ispahan !-. Ne t’a-t-on jamais dit qu’Ispahan n’existait pas ? Je ne sais pas ce que disent les 💷, mais je suis né ici il y a soixante-dix ans, et seuls les étrangers parlent de la ville d’Ispahan, jamais je ne l’ai vue-.


L’Ancien exagérait à peine. Le nom d’Ispahan désigna longtemps non une ville, mais une oasis où s’élevaient deux villes bien distinctes, séparées l’une de l’autre par une heure de route. Il faudra attendre le seizième siècle pour que celles-ci, et les villages alentour, se fondent en une vraie cité. Elle n’existait donc pas encore, mais une muraille a été construite, longue de trois parasanges, soit une douzaine de milles, destinée à protéger l’ensemble de l’oasis. »Amin Maalouf (Samarcande)


Belle histoire et belle série de tableaux pour l’illustrer.
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J’aime beaucoup ce livre d’ Amin Maalouf, « Samarcande ».
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