La belle et vertueuse Pati -Pati

 »-. Ainsi crut, en vertu comme en beauté, Pati-Pati, fleur du Brabant. Dans le seizième arrondissement, son renom se répandit tellement que je consentis, pour elle, à un mariage. Son fiancé, quand il s’approcha, ressemblait à un hanneton furieux, dont il avait la couleur, le dos robuste, et ses petites pattes de conquérant piaffaient et griffaient le dallage. Pati-Pati l’aperçut à peine, et la brève entrevue où elle se montra si distraite n’eut point de lendemain.

Cependant, tout le long de soixante-cinq jours, Pati-Pati enfla, prit la forme d’un 🦎 des sables, ventru latéralement, puis celle d’un 🍈 un peu écrasé, puis… Deux Pati-Pati d’un âge tendre et d’un modèle extrêmement réduit vagissent maintenant dans une corbeille. Préservés d’une mutilation traditionnelle, ils portent la queue en trompe et les oreilles en feuilles de 🥗. Ils têtent un lait abondant, mais qu’il leur faut acheter par des acrobaties au-dessus de leur âge. Pati -Pati n’a rien de ces 🐕 vautrées, tout en ventre et en tétines, qui s’absorbent, béates, en leur tâche auguste. Elle allaite assise, contraignant ses chiots à l’attitude du mécanicien aplati sous le tacot en panne. Elle allaite couchée en sphinx et le nez sur les pattes –Tant pis, qu’ils s’en arrangent– et s’en va, si le téléphone sonne, du côté de l’appareil. Remorquant deux nourrissons ventousés à ses mamelles. Ils têtent, oubliés, vivaces, ils têtent au petit bonheur, et prospèrent malgré leur mère et son humain souci, trop humain, de toutes choses humaines. » Colette (La 🏡 de Claudine)