»-. Le capitaine a vraiment une voix pour le théùtre -, soupire Madame Bruneau. -. S’il avait voulu -, dit Maman, orgueuilleuse, – Il est douĂ© pour tout–. –Ah, chaque fois que j’entends chanter le capitaine, je deviens triste. Vous ne vous rendez pas compte de ce que c’est qu’une vie comme la mienne… Vieillir prĂšs d’un mari comme mon pauvre mari, me dire que je n’aurais pas connu l’amour…-. Madame Bruneau, vous savez que je maintiens ma proposition ?-. Le vilain homme, le vilain homme ! Capitaine, vous me ferez fuir !-. Quarante sous. Et un paquet de tabac. Parce que c’est vous. Quarante sous et un paquet de tabac pour vous faire connaĂźtre l’amour, vous trouvez que c’est trop cher ? Madame Bruneau, pas de lĂ©sinerie. Quand j’aurai augmentĂ© mes prix, vous regretterez mes conditions actuelles…-

J’entends les cris pudiques de Madame Bruneau, sa fuite de petite femme boulotte et molle, aux tempes dĂ©jĂ grises. J’entends le blĂąme indulgent de ma mĂšre, qui nomme toujours mon pĂšre par notre nom de famille. -. Oh, Colette… Colette…-. La voix de mon pĂšre lance encore vers la đ un couplet de romance. Et je cesse peu Ă peu de l’entendre. Et j’oublie, endormie, Madame Bruneau, et les taquineries gauloises qu’elle vient chercher ici les soirs de beau temps… » Colette (La đĄ de Claudine)
DrĂŽle d’histoire ! Amusant poisson.
JâaimeAimĂ© par 1 personne