»-. Ma đ blanche Ă ceinture pourpre, mes cheveux libres qui me tiennent chaud, mes souliers mordorĂ©s et mes bas blancs, tout Ă©tait prĂȘt depuis la veille, car mes cheveux eux-mĂȘmes, tressĂ©s pour l’ondulation, m’ont tirĂ© les tempes pendant quarante huit heures. Il fait beau, il fait torride, un temps de noces aux champs. La messe n’a pas Ă©tĂ© trop longue, le fils Follet m’a donnĂ© le bras au cortĂšge, mais aprĂšs le cortĂšge, que voulez-vous qu’il fasse d’une cavaliĂšre de treize ans ?… Madame Follet conduit la charrette qui dĂ©borde de nous. De nos rires, de ses quatre filles pareilles en bleu, en mauve et rose. Les charrettes dansent sur la route et voici proche l’instant que j’aime le mieux.

D’oĂč me vient ce goĂ»t violent du repas des noces campagnardes ? Quel ancĂȘtre me lĂ©gua, Ă travers des parents si frugaux, cette sorte de religion du đ° sautĂ©, du gigot Ă l’ail, de l’oeuf mollet au vin rouge, le tout servi entre des murs de grange nappĂ©s de draps Ă©crus oĂč la rose rouge de juin, Ă©pinglĂ©e, resplendit ? Je n’ai que treize ans, et le menu familier de ces repas de quatre heures ne m’effraie pas. Des compotoirs de verre, emplis de sucres en morceaux, jalonnent la table. Chacun sait qu’ils sont lĂ pour qu’on sauce, entre les plats, le sucre trempĂ© dans du vin, qui dĂ©lie la langue et renouvelle l’appĂ©tit. Chansons, mangeaille, beuverie, la noce d’Adrienne est une bien jolie noce. Cinq plats de viande. Trois entremets. Et le nougat montĂ© oĂč tremble une rose en plĂątre… » Colette (La đĄ de Claudine)
Douce nostalgie ! Merci ! Ah ! Je constate avec plaisir que le problĂšme que j’avais (mon like n’apparaissait plus sur vos articles) semble terminĂ© ! « Pourvu que ça dure » !
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Belle histoire de souvenir, joli tableau.
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