»-. Balthasar avait écarté d’une ✋ le rideau et contemplait, de son carrosse arrêté, un gigantesque chantier de construction, grouillant d’ouvriers. Au picotement dans sa poitrine, qui, par le gras du bras, remontait jusqu’à ses doigts, il reconnut sa vieille exaltation, toujours fidèle au rendez-vous des pierres. -. Bougre !- Les plans qu’il s’était fait montrer l’autre soir lui revenaient en mémoire et superposaient au réel leur tremblant mirage. Au loin, dans la vapeur qui montait des fosses où l’on éteignait la chaux vive, il crut distinguer l’intrépide giclée des murs. Et, dans une déchirure de l’espace, un vaste escalier égrena l’arpège impérieux de ses marches. Le sang lui cogna aux tempes. Une fièvre heureuse l’envahissait. Dans le rideau de poussière opaque que soulevait tout près de lui le ciseau des tailleurs de pierre lui apparut la façade.

À l’endroit même où, un mois plus tôt, s’entre-épaulaient une douzaine de 🏠 bancales, se dressait maintenant une falaise. Et la lame furieuse de ses rêves s’y élançait. Un jour aussi, il construirait un nouveau palais. Cette ivresse, il fallait la retrouver coûte que coûte. La vie était à ce prix, et le grondement du sang dans les artères. Construire ! -. Ah, ce Balthasar, toujours voyeur !-. Une voix insolente et rieuse l’arracha à son rêve. -. Je vois des gravats, des monceaux de pierres et un grouillement de manants. Non, non, ma réponse à moi est tout autre, c’est la mort. Quand une époque a compris qu’il y a la mort, elle construit-. » Christiane Singer (La mort viennoise)
Jolie maison sur ce tableau.
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Beau tableau
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