»-. La petite ne serait sortie dans le noir pour rien au monde. DĂšs qu’il faisait đ, les bois, les pĂąturages devenaient pour elle une contrĂ©e sans nom. En forĂȘt, elle savait des ruines sous la mousse, des dĂ©labres de đ°, oĂč celui qui descend pour s’emparer du trĂ©sor voit la dalle se rabattre sur lui. De grandes pierres bizarrement gravĂ©es. Ici, c’est le creux d’une marmite et d’autres Ă©cuelles autour, comme pour le dĂźner des farfadets. LĂ , celui qu’aurait laissĂ© le fer d’un đ, ou le pied d’un homme. Ou tout un cadavre.

De mĂȘme que certaines fontaines ont des racines, ces pierres avaient leur esprit, il fallait avoir peur d’elles. Quel mauvais peuple les avaient façonnĂ©es pour ses besognes ? La đ appartenait Ă cette race dont on n’aime pas parler, qui guette les crĂ©atures. Sous la đ qui luisait vilainement dans un immense rond aux bords rosĂątres, on s’y voyait, Ă travers la bruyĂšre, suivi par l’ombre d’une bĂȘte. Ou bien, derriĂšre soi, par ces solitudes, on entendait, s’arrĂȘtant si l’on s’arrĂȘtait, repartant si l’on repartait, le pas toujours pareil d’un đ invisible. Par temps bas, quand le vent chassait au đș, pour peu qu’Anne-Marie prĂȘtĂąt l’esprit Ă ces contes, elle se laissait gagner par la peur. Elle imaginait quelque grande forme muette se dressant tout Ă coup dans la chambre, entre la lucarne Ă barreaux et les courtines rouges. » Henri Pourrat (Gaspard des montagnes)
Les mystĂšres et les peurs de la nuit ! Belles couleurs sur ce tableau.
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