»-. Il y avait une 🏡 construite en rondins, où le mortier mettait des crevasses blanches, sur la colline surplombant le lac. Fixée à un poteau près de la porte, une cloche servait à appeler les gens aux heures des repas. Derrière la 🏡, il y avait des champs, et derrière les champs, les coupes de bois. Une rangée de peupliers de Lombardie courait de la hutte jusqu’au bassin. D’autres peupliers bordaient la pointe. Derrière la colline, un chemin grimpait à la lisière de la futaie, et tout le long de cette route, on cueillait des mûres. Puis la hutte de rondins avait brûlé et tous les fusils pendus aux pieds-de-biche installés au-dessus de l’âtre avaient été brûlés.

Et après, les canons, les magasins pleins de plomb fondu et le stock de cartouches calcinées gisaient sur le tas de cendres qui servait à fabriquer la soude pour les grandes chaudières où l’on faisait le savon. On demandait à grand-père si on pouvait les avoir pour jouer avec, et il répondait -. Non-. Vous comprenez, c’étaient toujours ses fusils, et jamais il n’en avait acheté d’autres. Et jamais plus il n’avait chassé. La 🏡 avait été construite à la même place, en bois de charpente cette fois, et peinte en blanc. Et, du seuil, on apercevait les peupliers et le lac au-delà. Mais il n’y eut plus jamais de fusils. Les canons de fusils qui avaient été accrochés aux pieds-de-biche sur le mur de la hutte en rondins gisaient là, sur le tas de cendres, et personne n’y touchait. » Ernest Hemingway (Les neiges du Kilimandjaro)
Beau texte et joli tableau.
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Quel beau texte, si bien éclairé par cette toile.
Bravo 👏
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