»-. Je vous l’ai dit cent fois, je ne suis pas mort, moi, lorsque j’ai goûté aux pommes de terre quand j’étais aux armées en Allemagne-. Je sais, je sais, mais vous m’avez toujours dit aussi que c’est un mets grossier, lourd, farineux, indigeste, pour ne pas dire infâme, bref juste bon pour les 🐷, ou pour les Allemands, ce qui revient au même !-. Je vous l’accorde, mais là n’est pas le problème. C’est très nourrissant et c’est la seule chose qui m’importe. Voyez, j’étais encore étudiant en 1725, lors de la grande famine, celle qui a tant éprouvé le pays. Eh bien, elle n’aurait pas eu lieu si nous avions eu des réserves de pommes de terre. Non, elle n’aurait pas eu lieu ! Mais bon, c’est du passé.

Moi, ce que je voulais savoir, c’est comment cet âne de Petitjean s’était empoisonné, et j’ai enfin compris. Et je vous dispense de rire bêtement quand j’affirme ça ! En fait, il suffisait de demander à sa sœur. Ce n’est pas en mangeant des tubercules, qui sont inoffensifs, que sa famille et lui ont été pris de vomissements et de douleurs. Et cessez de ricaner quand je dis ça ! C’est tout simplement parce que son épouse a eu l’idée saugrenue de faire sa soupe avec les fruits des pommes de terres ! Croyant bien faire, cette pauvre femme ignorante a ramassé ces jolies petites pommes qui ressemblent aux 🍅 vertes et qui s’épanouissent sur les pousses aériennes. Ensuite, elle a fait bouillir tout ça avec ses navets, ses choux, ses fèves, sa farinade et une couenne. Et vogue la galère, c’est ainsi et pas autrement qu’elle a empoisonné toute sa famille !- » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)
Belle histoire et tableau amusant.
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