L’adieu à Constantinople

 »-. Deux jours plus tard, la nef génoise quitta le port, en même temps que plusieurs autres bâtiments. En voyant s’éloigner les pontons, où se tenaient les prêtres venus bénir et encenser les nerfs lors de leur départ, Flaminia avait éclaté en sanglots. Elle laissait son âme dans l’admirable ville à laquelle il lui avait fallu s’arracher… Le port, les coupoles dorées, les toitures argentées, les frontons des palais, les 🏡 aux façades colorées, les murailles de brique et de pierre surplombant la mer, les dômes altiers et protecteurs de Sainte-Sophie qui étincelaient dans la froide lumière matinale, tout lui était devenu cher, et tout était perdu !

50x60cm  »Bons baisers d’Istanbul  »

Dans son corps, dans son ❤️, elle sentait se produire une lente, longue, irréparable déchirure. La trame de sa vie était entamée, lacérée, tranchée par des griffes sans pitié qui s’acharnaient… Sur le plus beau promontoire du monde, elle laissait la dépouille de celle qui l’avait élevée, qui était devenue sa véritable mère depuis la disparition, engloutie dans la 🌃 immémoriale, de la femme sans visage qui lui avait donné le jour. Elle y abandonnait aussi l’homme dont le seul souvenir déchaînait en elle les folles rafales d’un amour ébloui… Enveloppée dans son manteau de laine blanche doublée d’agneau gris, elle enroula son voile autour de son visage afin de pleurer tout son soûl. » Jeanne Bourin (Les Pérégrines)

Une réflexion sur “L’adieu à Constantinople

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