Le pirate

 »-. Le déguisement m’a pris le reste de l’après-midi. Je me suis collé de vraies moustaches, et une barbe authentique. J’ai caché un de mes yeux bleus sous un morceau de cuir noir, dont le lacet loqueteux portait la trace de mes blessures. Une goutte d’atropine dans l’œil resté vivant dilata la pupille, et rendit mon regard sombre et méconnaissable. J’ai plié la jambe gauche et, avec les restes d’un brassard, j’ai attaché ma cheville sous mes fesses. Une fois le pantalon noir enfilé, j’ai serré autour de ce moignon les courroies de mon pied en bois.

Projet picassez-vous la tête

Le tricot de marin couvrant ma poitrine meurtrie était suffisamment sale. En revanche, le justaucorps de brocard aux boutons en argent et broderies en or, récupéré auprès d’une troupe de théâtre qui avait donné des spectacles d’opéra dans notre petite ville, je l’avais lavé et tant bien que mal repassé. Le vieux tricorne à tête de mort avait appartenu à ma mère, qui se demandait encore où elle l’avait égaré. Tout comme le baudrier dû à la mode des ceintures très larges d’il y a quelques années. Une épée napoléonienne achetée aux Puces s’y trouvait attachée. Et le bruit qu’elle faisait dans son fourreau trop large ne passait pas inaperçu, cette fois-ci les circonstances exigeaient un peu de retenue. Je l’ai sortie et je l’ai prise entre les dents, ce qui était, peut-être, je le reconnais, exagéré.’‘ Virgil Tanase (Le bal sur la goélette du Pirate aveugle)

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