Sur un air de cauchemar

 »-. Il était onze heures vingt. Sachant qu’elle ne pourrait pas travailler, elle décida de se coucher. Comme son appartement donnait au bout du bâtiment, la chambre à coucher avait deux fenêtres, dont l’une donnait sur le mur sud de l’église. Elle tira les rideaux avant de se mettre au lit, et tenta d’oublier l’absence de serrure. Mais aussitôt qu’elle eût les yeux fermés, des images de mort se mirent à bouillonner comme du sang sur sa rétine, l’imagination ne faisant que rendre la réalité plus horrible. Elle revit la mare de sang visqueux, mais semée d’éclats de cervelle pareil à du vomi grisâtre. Puis les figures grotesques des damnés et des 😈 se mirent à s’agiter dans une ronde infernale.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux pour échapper à ces visions hideuses, les ténèbres de la chambre l’accablèrent. Elle sortit du lit et ouvrit la fenêtre qui donnait sur la lande, avide de respirer l’air pur. Sous le ciel piqueté d’étoiles, le lointain murmure de la mer troublait seul le silence. C’est alors qu’elle entendit le grincement de la grille qui s’ouvrait et se refermait, puis des pas, paisibles et confiants, des pas qui n’avaient rien de furtif. Elle ouvrit prudemment sa porte et jeta un coup d’œil à l’extérieur, le ❤️ battant. Son émotion devait se voir. -. Ça va ?-. Ça n’allait pas très fort, mais ça va mieux maintenant. Je n’arrivais pas à dormir…- » Phyllis Dorothy James (Meurtres en soutane)