». Le Cancan est commencé. Je suis seule sur la ligne de départ. Vais-je franchir la frontière ? J’observe le début du Cancan. La vue des 👗 rouges qui volent, embrasant la scène de leur flammes provocantes, le froissement des jupons qui frétillent de manière ostentatoire, les cris stridents des filles qui chauffent la salle m’aspirent irrésistiblement. Terrifiée mais brûlante, j’entre à mon tour dans le sabat. Comme un philtre, la musique prend possession de chaque parcelle de mon corps. En soulevant mes froufrous, découvrant ainsi mes jambes, c’est un défi que je lance aux hommes. Provocante, insaisissable, effrontément proche et irrémédiablement lointaine, quelques secondes offerte, et soudain ravie à la convoitise masculine par le biais d’une incroyable agilité.

Quelques instants, quelques notes d’Offenbach, quelques cris et des applaudissements m’auront suffi pour être définitivement contaminée par le virus de la dansomanie galopante ! À ma sortie de scène, des habilleuses, des danseurs m’attendent. Ils ont regardé mon solo et me félicitent. Je souffle, je suis vidée. Soudain les filles remontent, essoufflées. Pendant que la musique de l’attraction des ombres chinoises retentit dans les haut-parleurs, elles changent de perruque, de soutien-gorge, de string et de chaussures tout en commentant mon solo. Le directeur arrive, c’est lui que j’attendais. -. C’est bien-. Que dire ? Je ne sais pas. Dans cette loge de froufrous et de tape-à-l’œil, nous partageons un instant de profonde tristesse. » Nadège Maruta (Follement Cancan)
Belle histoire, beau tableau.
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