»-. Il pleuvait sur le camp des croisĂ©s. Il pleuvait sur Antioche la Belle. Il pleuvait sur les đ», la plaine, le fleuve Oronte qui menaçait de dĂ©border, il pleuvait depuis des jours… On ne distinguait plus que de façon indĂ©cise, Ă travers l’eau ruisselante, les remparts colossaux d’Antioche et leurs tours plus nombreuses que les jours de l’annĂ©e… PoussĂ©e par des bourrasques glaciales, une pluie sans pitiĂ© s’acharnait contre les tentes de toile, dont les moins solides s’Ă©croulaient dans la boue, ou se dĂ©chiraient. Las de patauger dans un tel cloaque, les plus pauvres des pĂšlerins et les simples combattants s’Ă©taient construit des cabanes de planches et de branchages couvertes de peaux de bĂȘtes fraĂźchement Ă©gorgĂ©es. En grelottant, des familles entiĂšres, resserrĂ©es autour d’un đ„ sans joie, s’y encaquaient comme harengs en baril. Les bĂ»ches mouillĂ©es prenaient mal, fumaient, et les yeux rougis ne cessaient de couler.

Sous les coups de boutoir du vent, semblables Ă ceux d’une horde de sangliers, des piĂšces de bois se dĂ©tachaient une Ă une, dĂ©nudant les misĂ©rables abris. Certaines toitures de fortune s’abattaient au bout de quelque temps sur leurs habitants, qu’il fallait alors conduire sous les grandes tentes qui faisaient office d’hĂŽpitaux et de Maisons -Dieu Ă la fois. Les barons et les prĂȘtres s’Ă©taient trouvĂ©s devant la nĂ©cessitĂ© de multiplier les lieux d’accueil. En ces derniers jours de dĂ©cembre, avec le froid qui doublait de ses maux ceux de la pluie, on en Ă©tait Ă six grandes tentes, robustement charpentĂ©es, arrimĂ©es, protĂ©gĂ©es des intempĂ©ries par l’Ă©paisseur de leurs toiles, et isolĂ©es du bourbier par une accumulation de nattes en cordes et en joncs qui tapissaient le sol. » Jeanne Bourin (Les PĂ©rĂ©grines)
Beau parapluie !
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