

»-. Il y eut un temps où, avant de savoir lire, je logeais en boule entre deux tomes de Larousse, comme un 🐕 dans sa niche. Labiche et Daudet se sont insinués, tôt, dans mon enfance heureuse, maîtres condescendants qui jouent avec un élève familier. Mérimée vint en même temps, séduisant et dur, et qui éblouit parfois mes huit ans d’une lumière inintelligible. Les Misérables aussi, oui, Les Misérables, malgré Gavroche. Mais je parle là d’une passion raisonneuse qui connut des froideurs et de longs détachements. Point d’amour, entre Alexandre Dumas et moi, sauf que Le Collier de la Reine rutila, quelques 🌃, dans mes songes, au cou condamné de Jeanne de la Motte. Ni l’enthousiasme fraternel, ni l’étonnement désapprobateur de mes parents n’obtinrent que je prisse de l’intérêt aux Trois Mousquetaires.


Des 💷 enfantins, il n’en fut jamais question. Amoureuse de la Princesse en son char, rêveuse sous un si long croissant de 🌙, et de la Belle qui dormait au Bois, entre ses pages prostrée. Éprise du Seigneur 🐱 Botté d’entonnoirs, j’essayai de retrouver dans le texte de Charles Perrault les yeux noirs de velours, l’éclair d’argent, les ruines, les cavaliers, les 🐎 aux petits pieds du graveur Gustave Doré. Au bout de deux pages, je retournais, déçue, à Gustave Doré. Je n’ai lu l’aventure de la Biche, de la Belle, que dans ses fraîches images. Les gros caractères du texte couraient de l’un à l’autre tableau, comme le réseau de tulle uni qui porte les médaillons espacés d’une dentelle. Pas un mot n’a franchi le seuil que je lui barrais. Où s’en vont, plus tard, cette volonté énorme d’ignorer, cette force tranquille employée à bannir et à s’écarter ?… » Colette (La 🏡 de Claudine)


J’aime beaucoup la petite bibliothèque de Christine 🙂
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Beaux tableaux pour illustrer cette réflexion sur les souvenirs de livres de Colette.
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