»-. Des rêves agités troublaient mon sommeil. C’était à nouveau la Crimée. Le crépitement des tirs et le hurlement métallique que produit un blindé léger touché par un obus. Je sentais même le goût de la poussière, de la cordite et de l’amatol dans l’air. Je distinguais les cris étouffés de mes camarades, les déflagrations désordonnées. Les fusils de calibre 88 étaient si proches qu’ils n’avaient nul besoin de trajectoire. On n’entendait jamais celui qui vous frappait. J’étais dans mon transport de troupes, retournant sur le champ de bataille au mépris des ordres. Je roulais à travers la prairie, parmi les épaves laissées par les combats précédents.

En face de moi gisaient les carcasses fumantes des Chars du Wessex, la brigade de blindés légers. Les Russes s’étaient tus, on n’entendait plus qu’un échange de tirs d’armes de poing. Le tout ponctué d’une incessante sonnerie de téléphone. Mon frère, sans casque et le visage en sang, était en train de s’occuper des blessés. Au moment où je repartais, le bang d’un coup de fusil ricocha sur le blindage. L’infanterie russe se rapprochait. Le téléphone sonnait toujours. Je cherchai dans le noir le combiné, que je fis tomber. Et tâtonnai par terre en jurant. -. Allo. Ça va ?- . Très bien. Qu’est-ce qui se passe ?- » Jasper Fforde (L’affaire Jane Eyre)
Un cauchemar ! Impressionnant ce poisson-combattant !
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